Par Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
Le mardi 18 mars 2025, les présidents de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et du Rwanda, Paul Kagame, se sont rencontrés à Doha, au Qatar, sous la médiation de l’émir Tamim ben Hamad al-Thani. Cet entretien, qui marque la première rencontre directe entre les deux dirigeants depuis plus d’un an, s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes liées à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC.
Le sommet a eu lieu dans un climat jugé « cordial », contrastant fortement avec les précédentes rencontres, qui avaient été marquées par des confrontations houleuses et des échanges tendus. Selon le communiqué officiel du Qatar, les deux chefs d’État ont convenu d’un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel », et ont réaffirmé la nécessité de poursuivre les discussions pour résoudre le conflit. Cet entretien survient après plusieurs tentatives de dialogue, dont la dernière, en janvier 2023, avait été annulée à la dernière minute.
Des accusations mutuelles et un climat de méfiance
La crise qui sévit dans l’Est de la RDC est alimentée par l’occupation par le groupe armé M23 de vastes territoires dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Kinshasa accuse Kigali de soutenir ce groupe rebelle, accusation appuyée par plusieurs rapports des Nations unies, tandis que Kigali dément fermement toute implication. Le climat de méfiance entre les deux pays a conduit à plusieurs tentatives de médiation sans succès, jusqu’à cet entretien inédit au Qatar.
Les changements dans le rapport de forces sur le terrain, avec la prise de villes stratégiques comme Goma et Bukavu par le M23, semblent avoir poussé le président Tshisekedi à adopter une approche plus pragmatique. Selon des analystes politiques, cette nouvelle posture pourrait être la clé de l’avancée des négociations.
Une rencontre surprenante : l’optimisme dans l’air
L’entretien a eu lieu à un moment crucial, alors que des négociations entre le M23 et Kinshasa étaient censées s’ouvrir à Luanda, en Angola, le même jour. Cependant, ces pourparlers ont échoué à démarrer en raison de l’absence du M23, qui a suspendu sa participation. La rencontre entre Tshisekedi et Kagame pourrait ainsi avoir été un pivot, remplaçant les discussions attendues à Luanda.
Les deux dirigeants ont également exprimé l’espoir que ce dialogue contribuera à apaiser les tensions sur le terrain. Un membre de la présidence congolaise a confié que « nous espérons que cette rencontre va calmer les ardeurs des combattants sur le terrain », tandis qu’une source proche de la médiation a évoqué des perspectives de résolution durable du conflit, grâce à l’engagement des trois parties de poursuivre le dialogue.
Un avenir incertain mais prometteur
Si cette rencontre ouvre la voie à une désescalade de la violence dans l’Est de la RDC, elle reste fragile. Les défis sont nombreux : comment garantir le respect du cessez-le-feu ? Comment rétablir la confiance entre des États voisins longtemps en conflit ouvert ? Pour l’instant, seul l’avenir dira si cet entretien marquera un tournant décisif ou restera une étape parmi d’autres dans la quête pour la paix.