Par Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
La liberté de la presse au Mali est une nouvelle fois mise à l’épreuve avec l’arrestation d’Alfousseini Togo, directeur de publication du journal Canard de la Venise. Ce dernier a été placé sous mandat de dépôt par le pôle judiciaire anti-cybercriminalité après la parution d’un article critique sur le ministre de la Justice, Mamoudou Kassogué.
L’article, intitulé « La bourde du ministre Mamoudou Kassogué », publié le 8 avril, remet en question une déclaration faite par le ministre, selon laquelle l’indice de confiance des Maliens dans la justice aurait bondi de 30 % à 72 % en 2024. Alfousseini Togo décrit ce sondage comme « pas fiable » et souligne les problèmes de corruption et d’inefficacité qui continuent de gangrener le système judiciaire malien. Dans son analyse, il pose des questions cruciales sur les droits des citoyens, évoquant les nombreuses personnes détenues sans procès et les leaders politiques contraints à l’exil.
L’arrestation de Togo a suscité l’indignation des organisations de journalistes et des défenseurs des droits humains, qui dénoncent une atteinte à la liberté d’expression et un climat de répression grandissant à l’égard des voix dissidentes. Accusé d’« atteinte au crédit de l’État », d’« injures » et de « diffamation », le journaliste risque de faire face à des poursuites sévères, dans un contexte où plusieurs personnalités ayant exprimé des opinions critiques envers le gouvernement ont déjà été condamnées.
L’affaire soulève des inquiétudes quant à l’avenir de la liberté de la presse au Mali, surtout en période de transition politique. Alors que le pays tente de se stabiliser après des années de troubles, la justice, censée être un pilier fondamental de la démocratie, semble être instrumentalisée pour museler les critiques.
Le procès d’Alfousseini Togo, prévu pour le 12 juin, sera scruté de près par les observateurs nationaux et internationaux. Les organisations de défense des droits humains appellent à une mobilisation pour défendre la liberté d’expression et garantir un procès équitable pour le journaliste.