Par Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
Au Togo, comme dans de nombreux pays aspirant à la stabilité démocratique, l’idéal de la démocratie semble souvent mal compris ou détourné. Alors qu’elle repose sur des principes fondamentaux tels que la participation citoyenne, la séparation des pouvoirs, et la transparence, sa mise en œuvre au Togo reste une source de controverse et de frustration pour une grande partie de la population.
Depuis l’instauration du multipartisme dans les années 1990, le pays a vu naître de nombreux partis politiques. Mais, plutôt que de devenir les garants d’une démocratie saine et inclusive, certains d’entre eux se sont embourbés dans des logiques clientélistes, des rivalités internes ou des alliances floues. Cette situation soulève une question cruciale : le rôle des partis politiques au Togo est-il réellement compris et assumé dans le cadre de la démocratie ?
Les fondements mal assimilés de la démocratie
La démocratie ne se limite pas à l’organisation d’élections périodiques. Elle repose avant tout sur une gestion inclusive du pouvoir, le respect des droits de l’homme et la participation active de tous les citoyens. Cependant, au Togo, ces principes peinent à s’enraciner durablement.
Une partie de la population associe encore la démocratie à une simple alternance politique, alors qu’elle implique bien plus : la possibilité de débattre librement, de contester sans craindre des représailles et de bénéficier d’institutions transparentes et impartiales. Ces aspirations restent souvent éloignées de la réalité, ce qui alimente un climat de méfiance et de désillusion à l’égard du système en place.
Le rôle crucial des partis politiques
Dans toute démocratie, les partis politiques jouent un rôle clé : ils sont censés structurer les opinions, former des leaders, et servir d’intermédiaires entre les citoyens et les institutions. Au Togo, ces partis devraient être les piliers d’une démocratie participative, capable d’éclairer les citoyens sur leurs droits et leurs responsabilités.
Malheureusement, de nombreux partis politiques togolais peinent à assumer pleinement ces rôles. Leur action est souvent entravée par un manque de cohésion interne, des ambitions personnelles qui priment sur l’intérêt général, ou encore par des pressions externes qui limitent leur marge de manœuvre. De plus, une partie des partis de l’opposition est accusée de privilégier la contestation systématique au détriment de propositions constructives.
Dans ce contexte, les citoyens se retrouvent pris en étau entre des institutions parfois verrouillées et des partis politiques qui peinent à jouer leur rôle d’aiguillons démocratiques. Résultat : un climat de désillusion croissante et une faible participation politique, particulièrement chez les jeunes.
Redéfinir le jeu politique
Pour sortir de cette impasse, il est crucial de redéfinir le rôle des partis politiques dans la démocratie togolaise. Voici quelques pistes :
Formation politique : Les partis doivent investir dans l’éducation civique pour aider les citoyens à mieux comprendre leurs droits et devoirs démocratiques. Cela implique de sensibiliser les électeurs, non seulement à voter, mais à exiger des comptes et à s’impliquer activement dans les affaires publiques.
Rénovation des pratiques internes : Les partis doivent repenser leur fonctionnement interne, en favorisant des structures démocratiques transparentes et en promouvant de nouveaux leaders.
Propositions concrètes : Les partis d’opposition, notamment, gagneraient à aller au-delà de la critique et à proposer des solutions alternatives viables pour répondre aux besoins de la population.
Dialogue et collaboration : Enfin, il est indispensable que les partis cessent de se percevoir uniquement comme des adversaires et qu’ils apprennent à dialoguer pour l’intérêt commun.
Vers une Démocratie Réelle et Inclusive
Le Togo, comme toute nation en quête de maturité démocratique, doit se donner les moyens de dépasser les malentendus et les blocages actuels. Cela nécessite un engagement fort de la part des dirigeants, des partis politiques et des citoyens. Une démocratie ne peut fonctionner que si ses piliers – les partis politiques – jouent pleinement leur rôle de moteur de changement et de médiateurs entre le pouvoir et le peuple.
Pour l’avenir, le défi est clair : il faut restaurer la confiance des citoyens en leur capacité à influencer les décisions et à bâtir un Togo plus juste, plus inclusif et véritablement démocratique. Les partis politiques sont au cœur de ce chantier immense, mais essentiel.