Par la Rédaction
En territoire mauritanienne, les étrangers sont sur un terrain glissant. Depuis quelques jours, les voyants sont au rouge pour les ressortissants maliens, guinéens, sénégalais et ivoiriens et d’autre nationalité qui sont menacé d’expulsion. Un état de fait contre lequel s’indigne l’honorable Khally Diallo, député à l’Assemblée nationale mauritanienne. Pour lui, il s’agit d’une campagne xénophobe contre les Subsahariens.
L’honorable Khally Diallo dénonce dans un message le comportement des autorités mauritaniennes qu’il qualifie de honte et violation des droits humains.
« Le traitement réservé aux migrants subsahariens en Mauritanie est une honte absolue et une violation inacceptable des droits humains. La campagne xénophobe et discriminatoire menée par les autorités mauritaniennes contre les Sénégalais, Maliens, Ivoiriens et d’autres ressortissants africains n’est rien d’autre qu’un racisme d’État assumé, qui rappelle les heures les plus sombres de l’histoire » dénonce t-il.
Ces ressortissants africains présents sur le sol mauritanien font également face à des traitements inhumaines et racistes selon le député.
« La détention et l’expulsion de ces hommes et femmes ne sont pas seulement inhumaines, elles sont aussi une insulte au mandat que la Mauritanie vient d’achever à la tête de l’Union africaine, désormais entre les mains de l’Angola. Comment peut-on prêcher l’unité du continent sur la scène internationale tout en pratiquant la division et la stigmatisation chez soi ? Ces traitements vont à l’encontre des valeurs d’intégration africaine que notre pays proclame haut et fort sans jamais les appliquer » ajoute t-il.
Mauvaise gestion de la crise migratoire
Pour lui, il est temps pour le gouvernement mauritanien de reconnaître que la crise migratoire est mal gérée. Depuis plusieurs années, la Mauritanie est devenue un point de passage majeur pour les migrants en route vers l’Europe. L’axe saharien menant à la Libye et la Tunisie étant devenu trop dangereux, les passeurs ont redirigé leurs routes vers notre pays.
« Aux côtés des Subsahariens, de nombreux Pakistanais et Bangladais ou encore syriens, turcs, s’ajoutent à cette migration en transit ou encore exil. Cette réalité pose des défis importants en matière de gestion des flux migratoires. Mais la réponse des autorités ne peut pas être la répression brutale et les arrestations aveugles. La Mauritanie manque cruellement d’une politique migratoire claire, et les décisions sont prises sous pression, qu’elle vienne de l’Union européenne, de l’Espagne, ou de certaines campagnes médiatiques alimentées par des blogueurs arabophones » précise Kally Diallo.
Le député estime qu’il ne peut pas tolérer que l’État mauritanien gère cette situation au gré des émotions populaires, sacrifiant des vies humaines pour apaiser l’opinion. Il appelle ainsi les pouvoirs publics à assumer leurs responsabilité.
« Un pays souverain et responsable doit avoir une stratégie digne et respectueuse des droits fondamentaux. Que les pouvoirs publics endossent leurs rôle et assument leur responsabilités! Il y’a une réglementation à clarifier et à faciliter, une réglementation qui requiert certaines flexibilités, contextuelles et sociétales, toutes ces valeurs qui peuvent s’appliquer à notre humanité. »
Injustice dans l’octroi des cartes de séjour
Tout étrangers ou ressortissants africains devrait disposer d’une carte de séjour pour pouvoir circuler librement dans ce pays à la frontière de l’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. Mais l’octroi de cette pièce d’identité est un parcours de combattant.
« La Mauritanie est une terre d’hospitalité et d’accueil. Les personnes africaines, ou non, que nous recevons doivent avoir un cadre réglementé d’accueil, et elles doivent le respecter. Aujourd’hui, la carte de séjour est obligatoire pour tous les étrangers, avec un coût annuel de 3 000 MRU (76,50 dollars américains/46200 FCFA). Cette exigence est légitime, mais encore faut-il qu’elle soit appliquée avec justice et équité. »
Il lance tout de même un appel aux étrangers à se conformer aux règles établis pour leur résidence dans le pays et invite les autorités à protéger au maximum ses compatriotes dans les pays étrangers.
« J’appelle donc les étrangers établis en Mauritanie à se conformer aux règles de résidence, mais je demande également aux autorités mauritaniennes de simplifier l’accès aux titres de séjour pour les demandeurs en règle. Une administration efficace ne doit pas être un obstacle, mais un facilitateur du vivre-ensemble. Dans le même temps, il est impératif que notre gouvernement prenne des mesures fermes pour protéger nos compatriotes à l’étranger et prévenir toute escalade. Nous ne pouvons tolérer que nos citoyens soient humiliés, maltraités et expulsés sans réaction appropriée. »
Kally Diallo estime que l’Afrique ne peut avancer dans la division et la stigmatisation de ses propres enfants. Nous devons œuvrer pour une véritable union basée sur la justice, l’égalité et le respect des droits fondamentaux. Il est temps d’agir. Nous ne resterons pas silencieux face à cette injustice !