Par Freddy Roger A
Ce samedi, 03 mai 2025, le Togo est entré de plein pieds dans une nouvelle ère politique.
Une journée historique qui sera gravée dans la mémoire collective des togolais pour la simple raison que le pays a officiellement basculé dans un régime parlementaire, avec la mise en place des institutions et de ses dirigeants.
Tôt dans la matinée, c’est l’assemblée nationale avec à sa tête son président Kodzo Adedze qui a annoncé l’élection de l’ancien chef de l’État Faure Gnassingbé comme président du conseil des ministres conformément à l’article 47 de la nouvelle constitution, et aux dispositions 231-2 du règlement intérieur de l’assemblée nationale.
Faure Gnassingbé, aux mains desquels est concentré tous les pouvoirs est déjà connu du public togolais et va poursuivre la gestion de ce pays pour un mandat de 4 ans renouvelable une seule fois.
Aussitôt élu , le natif de Pya a prêté serment et a juré devant Dieu et devant le peuple togolais à qui, il a promis fidélité et loyauté dans l’exercice de ses plus hautes fonctions.
L’autre fait marquant qu’a connu cette journée politique marathon, reste l’élection du président de la République, un titre honorifique, qui pourtant a retenu l’attention des togolais suite à la prestation de serment de Faure Gnassingbé.
Et C’est dans la soirée que la fumée blanche est sortie avec l’élection de Jean Lucien Savee, de tove à la présidence de la République, cet élu qui gardera ce titre honorifique mettant ainsi un terme aux diverses rumeurs qui ont envahi la toile évoquant, divers occupants à ce poste d’honneur, tels que Gilchrist olympio, Gervais Djondo ou encore Me Joseph kokou koffigoh.
Alors qui est-il, jean Lucien Savee de tove, cette figure emblématique de la politique togolaise ?
Né le 7 mai 1939 à Lomé, Jean-Lucien Savee de Tové fait partie des visages familiers de la scène politique togolaise depuis plus de quatre décennies. À la fois haut fonctionnaire, homme de dialogue, ministre, acteur de la société civile, et membre fondateur de la Convention des Peuples pour le Progrès (CPP), il s’est imposé comme une personnalité incontournable dans les grandes étapes de la vie nationale, souvent à la croisée des dynamiques partisanes et institutionnelle.
Titulaire d’un doctorat en sciences politiques, obtenu à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, Jean-Lucien Sanvee s’est spécialisé en relations internationales et en administration publique. À son retour au Togo, il intègre les sphères de l’administration publique, où il se fait remarquer par son professionnalisme, sa rigueur et son souci du service public.
En juillet 1979, dans un contexte politique tendu sous le régime du président Gnassingbé Eyadéma, il est arrêté et accusé de tentative de complot contre l’État. Jean-Lucien Savee de Tové est alors jugé aux côtés d’autres figures de l’opposition, dont Gilchrist Olympio. Reconnu coupable, il est condamné à dix ans de prison. Cette incarcération marque une étape décisive dans sa trajectoire personnelle et politique, renforçant son ancrage dans les milieux réformistes et démocratiques.
Après sa libération et avec le vent de démocratisation des années 1990, Jean-Lucien Savee de Tové est appelé à occuper la fonction de ministre du Commerce, dans un contexte de transition institutionnelle. Il y défend une vision équilibrée du développement économique, dans un pays encore fragilisé par les tensions politiques et les mutations économiques profondes.
En 1991, il joue un rôle actif lors de la Conférence nationale souveraine, événement fondateur de la transition démocratique togolaise. À cette tribune, il incarne une ligne réformiste, prônant la nécessité d’une refondation de l’État, d’une réconciliation nationale réelle, et d’une reconstruction des institutions sur des bases démocratiques solides. Son intervention y est saluée pour sa lucidité et son équilibre, dans un climat de tension politique généralisée.
En 1999, Jean-Lucien Savi de Tové est cofondateur de la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP) aux côtés d’Edem Kodjo, et en devient le premier vice-président. La CPP s’inscrit dans la mouvance de l’opposition républicaine et modérée, prônant un engagement pacifique pour une alternance démocratique, tout en restant dans une logique de négociation politique.
Il prend part, à ce titre, à plusieurs initiatives nationales de dialogue, notamment au Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC) mis en place en 2009, puis au CPDC rénové, où il contribue activement aux discussions sur les réformes électorales, institutionnelles et constitutionnelles.
S’il s’est progressivement éloigné de la scène partisane active, Jean-Lucien Sanvee de Tové reste une figure d’influence, souvent consultée pour son expertise, sa mémoire des institutions et sa capacité à construire des passerelles entre les blocs antagonistes du paysage politique togolais. Il est souvent perçu comme un sage, une voix pondérée, capable de prendre de la hauteur sur les crises politiques et de formuler des recommandations sans chercher la confrontation.
En parallèle de son parcours politique, il a exercé pendant plusieurs années les fonctions de Secrétaire général du Comité National Olympique du Togo (CNOT). À travers cette responsabilité, il s’est impliqué dans la diplomatie sportive et la promotion des valeurs éducatives et citoyennes du sport au Togo. Il a également soutenu plusieurs projets culturels à portée sociale.
Aujourd’hui âgé de plus de 80 ans, Jean-Lucien Sanvee de Tové continue d’incarner une certaine idée de la République togolaise : celle du dialogue, de l’écoute, et de la recherche constante de stabilité dans la diversité. Homme d’État plus que politique de carrière, son parcours est celui d’un Togolais resté fidèle à ses principes de justice, de concertation et d’éthique publique.
Il faut rappeler que, déjà le 02 mai dans la soirée, la cheffe du gouvernement Madame victoire Dogbe, a rendu sa démission et celle de son gouvernement après une année de transition qui a permis de baliser la voie a l’instauration de la 5eme République.