Par Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
Dans un tournant décisif pour le processus électoral guinéen, le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD) a été désigné pour organiser les scrutins de fin de transition, remplaçant ainsi la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui avait supervisé les élections depuis 2010. Cette annonce a été faite lors d’une conférence de presse par Djenabou Touré, directrice nationale chargée des affaires politiques et de l’administration électorale au sein du MATD.
Le référendum constitutionnel, prévu pour le 21 septembre, ainsi que les élections qui marqueront la fin de cette transition, sont désormais placés sous la responsabilité du MATD, avec des élections annoncées pour la fin de l’année 2025. Cette décision, qui a suscité de vives réactions, a été justifiée par les autorités de transition, qui estiment que la CENI est trop coûteuse et souvent à l’origine de crises électorales.
Djenabou Touré a annoncé que pour garantir la transparence et la légitimité du processus, un « observatoire » sera mis en place. Cet organe comprend des représentants des partis politiques et de la société civile qui auront pour mission de superviser les actions du ministère. Toutefois, cette initiative ne semble pas rassurer les principaux acteurs politiques du pays.
Des partis comme l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et l’Union des forces républicaines (UFR) ont exprimé leur désaccord, qualifiant cette décision d’illégale. Ils réclament le rétablissement de la CENI, qu’ils considèrent comme plus apte à organiser des élections libres et transparentes.
Le scepticisme vis-à-vis de la CENI n’est pas nouveau. Les autorités de transition ont, à plusieurs reprises, mis en avant des critiques sur son efficacité et son coût. Dans ce contexte, la légitimité du processus électoral à venir reste en question.
Par ailleurs, le président du Conseil national de la transition (CNT), Dansa Kourouma, a indiqué que l’avant-projet de Constitution a été adopté lors d’une session à huis clos, sans que les médias puissent couvrir les débats. Ce texte, dont le contenu demeure secret, est désormais entre les mains du président de la transition, Mamadi Doumbouya.