Par la Rédaction
L’entrée du Togo dans la cinquième république continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Si dans le pays, des voix s’élèvent pour dénoncer la nouvelle loi, les togolais de la diaspora s’organisent également pour la contrer. C’est la lutte que mène Kofi YAMGNANE à travers son initiative « Freedom Togo, Mouvement de Libération Nationale ». L’homme politique qui a fait sa longue carrière sur la scène politique française compte désormais faire plier le régime en place et le coincer dans les instances internationales. Kofi YAMGNANE, porte-parole du front depuis la Bretagne en France où il réside a bien voulu accorder une interview à Plume d’Afrique.
Plume D’Afrique (PDA): Parlez-nous de la genèse de votre mouvement Freedom Togo, mouvement de libération nationale!
Kofi YAMGNANE (KY): Lorsque j’ai entendu, au mois de mars, dire simplement que le Togo avait changé de régime, c’est-à-dire que le Togo a changé de constitution, sans avoir même montré le texte, discuté, sans référendum, qu’il avait fait voter par une assemblée de députés dont le mandat était expiré depuis le mois de décembre 2023, alors là, mon sang n’a fait qu’un tour. Quand on lit bien le truc, je suis président à vie. Alors ça, ce n’est pas supportable. D’ailleurs, les Togolais n’ont pas supporté. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Eh bien, pour qu’il quitte le pouvoir, il faut l’y obliger. Et pour l’y obliger, il faut que le peuple parle d’une seule et même voix et marche d’un seul et même pas. Je sais ce que les partis politiques localement ont fait. Je sais comment ils ont été dégoûtés. Je sais qu’ils n’ont pas le droit de parler, qu’ils n’ont pas le droit de manifester. Alors, si nous, ici, les enfants du Togo, qui sommes à l’extérieur, nous ne prenons pas le relais, on n’y arrivera jamais.
PDA: Quelle est la particularité de votre front par rapport aux autres déjà existants ?
KY: C’est un mouvement qui veut l’union. C’est ça, notre objectif premier. Bien entendu, j’aurais pu prendre le nom d’un autre mouvement existant et m’inscrire dedans. Mais je connais les Togolais. Nous sommes tellement divisés que si je prends le nom d’un, les autres vont venir me dire « Pourquoi tu as pris celui-là et pas le mien ? » Et donc, nous avons créé quelque chose que nous voulons faire transcender tous les autres de sorte que personne n’ait à contester le principe de la création. Le Togo est devenu un régime parlementaire.
PDA: Quel regard portez-vous sur la nouvelle constitution togolaise ?
KY: Je dis simplement qu’elle est illégale et illégitime. On ne peut pas l’appliquer. Point à la ligne. Parce qu’elle n’a pas respecté les règles. Quand on change de régime, ce n’est pas de modifier quelques lignes dans la constitution. Je n’admets pas qu’il ait utilisé des élus illégaux, illégitimes, puisqu’ils ont fini leur mandat, pour faire voter un texte que personne ne connaît. Vous savez qu’il y a un député qui m’a appelé du Togo pour me dire qu’il nous a fait voter sur un texte qu’il ne nous a même pas montré. On ne sait pas qu’est-ce qu’on vote. On nous a dit « Vous votez, c’est tout ». Parce que Faure Gnassingbé, c’est l’incarnation même de la peur. Celui qui n’est pas d’accord est mis en prison ou bien est obligé de s’exiler.
PDA: L’actualité ces dernières heures est marquée par des attaques terroristes dans le nord du pays, subies par les militaires. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
KY: Je voudrais d’abord m’incliner devant les morts récentes, celles de samedi et de dimanche, qui ont provoqué les djihadistes là-haut, au nord, dans la région des Savanes. Je déplore que le président du Togo ne fasse aucune cérémonie. Pour ces morts, pour nos militaires, ne rende aucun hommage. Pas un mot du président. Et ça, ce n’est pas supportable.
PDA: Il y a quelques années, vous étiez très engagé dans la politique togolaise. Depuis là, on entend moins parler de vous. Que s’est-il passé ?
KY: Je me suis même présenté aux élections en 2010. Et le pouvoir m’a empêché d’aller jusqu’au bout. En inventant une histoire à dormir debout, mais contre laquelle je n’ai rien pu faire. Aujourd’hui, ces problèmes de date de naissance, tout ça est réglé. Mais ça me fait doucement sourire. Et il y a même son père, il ne sait pas quel jour il est né. Il ne sait même pas quelle année il est né. Et il a gouverné le pays pendant 38 ans. Ça n’a dérangé personne. Et je suis reparti dans la politique française. J’ai été réélu. J’ai continué à faire mes petites affaires. Jusqu’à ce moment-là, à ce moment-ci, où je me dis que ce n’est pas possible. On ne peut pas laisser ça comme ça. Et donc je suis revenu. Parce que c’est mon pays. Je suis né là, au niveau où je me suis hissé aujourd’hui. Si je ne fais rien pour mon pays, l’histoire sera féroce pour moi.
PDA: Aujourd’hui, vous lancez un front. Pensez-vous qu’il est une solution ou un problème ?
KY: Ce mouvement ne peut pas être un problème. C’est une solution. Et cette solution, je vous l’ai décrite. Et nos moyens, c’est très simple. Nous allons les harceler. Vous entendez ? Les harceler. Et nous irons dans les instances internationales avec la vraie vérité de la nature de ce pouvoir. Et nous dirons à toute la communauté internationale quelle est la vraie nature du pouvoir de Faure Gnassingbé. Il pourra toujours essayer de courir derrière. Il n’aura plus rien. Nous en avons les moyens. Nous allons le prouver.
Fin!